Viewpoint

La course au leadership du Parti québécois: Un débat d’idées

Guy Lachapelle

La campagne à la direction du Parti québécois a duré plus de cinq mois. Neuf candidats et candidate remirent leurs bulletins de candidature.

Notre inquiétude au point de départ, et nous l’avons écrit et dit à plusieurs reprises, était que cette course en soit une d’images plutôt que de contenu. Il fallait pour les organisateurs du Parti québécois trouver une formule qui permettrait aux candidats d’avoir assez de temps pour expliquer leurs positions tout en offrant aux membres du Parti québécois une occasion de pouvoir poser des questions.

D’abord, les organisateurs ont proposé aux candidats et à la candidate la formule des débats thématiques (santé, éducation, culture et communication, développement durable mondialisation, déséquilibre fiscal, etc.) avec une tournée des diverses régions du Québec. Tous et toutes furent d’accord.

Chaque débat aurait quatre périodes : un discours d’ouverture, des débats à trois, des questions posées au hasard à chacun des candidats et à la candidate, et un mot de clôture.

On m’a demandé de me joindre à au « panel des tribunes », c’est-à-dire un petit groupe restreint de six à huit personnes qui verrait tout au long de la campagne à préparer l’ensemble des questions pour chacun des débats. Dans chacune des régions, un militant ou militante s’ajoutait au groupe.

Il faut noter que des questions pouvaient être soumises par le grand public sur le site Internet du Parti québécois. À chaque semaine, en général le lundi soir avant le débat, le panel se réunissait afin de préparer la liste des questions.

Tout d’abord, nous nous sommes entendus sur un principe : celui d’avoir des questions d’égale valeur et dont le niveau de difficulté était relativement semblable.

“Chacun des débats attirèrent

des foules imposantes, environ

mille personne à chaque fois.”

Les discussions au sein du panel furent à chaque semaine passionnante puisque chacun des membres du panel apportait aussi sa vision des choses en fonction de son expérience professionnelle, de son militantisme ou de son âge. De ce remue méninge, environ une vingtaine de questions qui nous apparaissait primordiales allaient être au menu de chacun des débats.

Sur le plan personnel et comme politologue, ce fut une expérience fascinante. D’abord, d’avoir l’occasion de sillonner le Québec, de Sherbrooke à Gatineau, fut réellement passionnant. Chacun des débats attirèrent des foules imposantes, environ mille personnes à chaque fois. L’intérêt du public était là sans compter que les médias diffusaient chaque mercredi soir l’événement en direct.

Ces débats m’ont permis également d’avoir la chance de rencontrer chacun des candidats et la candidate, d’échanger avec eux et elle sur les enjeux de la campagne et l’avenir du Québec, de rencontrer de nombreux militants et militantes du Parti québécois dans toutes les régions, voilà autant de moments inoubliables pour un politologue, pour l’observateur que je suis de la vie politique québécoise.

Malgré quelques petits détails secondaires, nul doute que la formule retenue par le Parti québécois a été un véritable succès, un moment unique de vie participative citoyenne.

Guy Lachapelle est Professeur titulaire, science politique, et Secrétaire général de l’AISP. (Association internationale du science politique).

 


 

The PQ leadership debates: Democracy in practice

Guy Lachapelle

The campaign for the leadership of the Parti Québécois lasted more than five months. During this time, ten candidates declared their candidacy.

Our concern from the beginning — and it was expressed on several occasions — was that this race would be one of image rather than substance. PQ organizers needed to find a formula that would give candidates enough time to explain their positions while giving party members the chance to ask them questions.

The organizers proposed debates throughout Quebec on themes such as health, education, culture and communications, sustainable development, the fiscal imbalance, and so forth. Everyone agreed.

Each debate would have four periods: an opening statement, a three-way debate, questions posed at random to the candidates and a closing statement. 

I was asked to join the tribunal panel, that is to say, a small group of six to eight people who would travel with the campaign and prepare the questions for each of the debates. In each region, a local party member would be added to the panel.

It should be noted that questions could also be submitted by the general public through the PQ website. Each week, usually on the Monday evening before the debate, the panel got together to prepare the list of questions.

We agreed on one principle: to have questions of equal value and relatively similar difficulty. However, it was not up to the panel to propose questions of knowledge, or to name specific events or actual people.

The panel discussions became more passionate every week, because the members had their own opinions based on their professional experience, party loyalties or age. From this heated discussion emerged about 20 questions that seemed key for each debate.

Personally and as a political scientist, I found the experience fascinating. To have the chance to cover Quebec from Sherbrooke to Gatineau was really thrilling. Each debate attracted impressive crowds of around 1,000 people. Even without the live broadcasts every Tuesday evening, the public interest would still have been there.

These debates also allowed me to meet the candidates, exchange views with them on campaign issues and the future of Quebec, and meet PQ members in all regions — really unforgettable moments for a political scientist and an observer, as I am, of Quebec’s political life.

In spite of a few little glitches, there is no doubt that the formula adopted by the PQ was a true success, and a unique moment in our collective civic life.

Guy Lachapelle is a Professor of Political Science, and Secretary-General of the International Political Science Association.